Thomas a démarré sa carrière dans le conseil en développement durable. Il a accompagné, 8 ans durant, de grands groupes et des PME dans la définition et la mise en œuvre de leurs stratégies RSE. Il œuvre désormais chez Norsys, entreprise de services numériques de 600 personnes, qu’il a amené sur la voie de l’entreprise à mission, afin de renforcer l’alignement entre son business et son engagement sociétal. Il dirige aujourd’hui le déploiement de la permaentreprise.
Bonjour Thomas, et merci de nous accorder une interview sur un sujet qui fait écho avec le début du printemps qui approche et que tu maîtrises parfaitement : la permaentreprise.
En effet, au sein de Norsys, l’entreprise de services numériques engagée depuis sa création, tu portes le développement du modèle de permaentreprise.
Est ce que tu peux nous dire brièvement ce qu’est ce modèle et en quoi se différencie-t-il des modèles organisationnels innovants déjà existants ?
La permaentreprise, c’est à la fois une vision sur le rôle que doit jouer l’entreprise pour répondre aux enjeux sociétaux de notre époque, et une méthode pragmatique pour donner vie à cette vision. S’il fallait résumer le modèle en une phrase : un modèle de développement qui régénère les ressources (humaines, naturelles…) afin d’améliorer les conditions d’existence des êtres humains.
Son caractère innovant réside dans ses 4 piliers :
Ce n’est donc pas un modèle organisationnel mais bien un modèle permettant de définir dans quelles conditions le développement de l’entreprise est juste, et de le piloter. Pour ce faire, nous proposons une méthode permettant à toute entreprise d’élaborer son référentiel de pilotage de sa permaentreprise : de la formulation d’une raison d’être aux objectifs d’impacts spécifiques à son activité. L’innovation méthodologique est donc aussi présente !
Chez Ticket for Change on défend un modèle de société où chacun, peu importe son âge, son parcours ou son métier peut être un acteur du changement, comment selon toi la permaentreprise va dans le même sens ?
Pour engager des transitions, il faut être en capacité d’avoir une compréhension très fine du contexte dans lequel les changements doivent s’inscrire. Et qui de mieux que ceux qui sont directement concernés, quelles que soient leurs compétences ?!
La permaentreprise invite à observer avant d’agir, puis d’engager de petites expérimentations avant d’éventuellement les étendre. Elle permet donc de s’appuyer sur les connaissances de chacun, et de générer rapidement des résultats.
A titre d’exemple, chez norsys nous avons mobilisé plus de 200 collaborateurs afin d’élaborer notre référentiel de permaentreprise. Cela signifie qu’⅓ de nos effectifs ont pu être acteur de la démarche et qu’au moins autant s’appuient dans l’entreprise sur des dispositifs pour en influencer son évolution. Globalement, tous ceux qui le souhaitent peuvent être acteurs, selon leurs motivations et leurs appétences.
Pourquoi penses-tu que les entreprises ont un rôle fondamental à jouer pour promouvoir un modèle pérenne, respectueux des humains et de l’environnement ?
Déjà inquiet depuis des années, je le suis encore plus depuis que je suis devenu parent il y a 5 mois. L’état de notre planète se dégrade à vitesse grand V et les crises sociales qui s’empilent y sont de plus en plus liées.
Face à cette situation, on voit que les Etats manquent cruellement d’agilité et de rapidité dans leur capacité à construire des politiques publiques adéquates. Autre constat : l’écosystème d’intérêt général porté par les associations ou les ONG, manque de moyens à la hauteur des enjeux.
Je considère donc que l’entreprise a une énorme responsabilité car elle a toutes les cartes en mains pour faire sa part, et peut être même en peu plus : elle gère ses ressources avec efficacité, elle concentre moyens et talents, elle est capable d’innover très rapidement si elle le souhaite.
Enfin, le monde de l’entreprise joue à un jeu dangereux. Le manque cruel de considération des problématiques sociales et environnementales fait pendre au-dessus de sa tête une épée de Damoclès. A titre d’exemples, le désengagement, l’absentéisme, le turnover lui coûtent cher humainement et économiquement. Les émissions de gaz à effet de serre, la raréfaction des ressources, la pollution lui coûtent de plus en plus cher économiquement, humainement et environnementalement. Il en va de sa survie !
Quels conseils donnerais-tu à une entreprise qui souhaite transiter vers la permaentreprise ? Par quelles premières actions commencer ?
Qu’elle n’ait pas peur de se lancer ! Il est grand temps de se donner les moyens de faire de son entreprise un outil au service des enjeux de notre époque.
Les bénéfices sont multiples. Un modèle d’entreprise performant qui donne du sens, qui mobilise les collaborateurs mais aussi les parties prenantes de son écosystème, qui améliore l’attractivité, qui favorise l’innovation pour développer des produits et services… Cela donne envie non ? D’ailleurs, norsys présente depuis des années une performance économique aussi bonne si ce n’est meilleure que la plupart de ses concurrents !
Enfin, je suis régulièrement sollicité par des entreprises qui souhaitent s’engager mais ne savent pas par quel versant démarrer cette longue mais formidable ascension. A celles-ci je dis : la permaentreprise facilite le passage à l’action, grâce à la formalisation d’une vision inspirante et à sa concrétisation par des projets qui mobilisent son écosystème, afin de générer un impact positif pour les Hommes et la Planète. Qu’attendez-vous ? Qu’il soit trop tard ?!
Et pour aller plus loin :
Une intervention de 30min format Keynote pour parler de la permaentreprise, avec des exemples concrets chez Norsys
Les modèles économiques de demain, BD de Christophe Sempels